Si l'on pouvait faire simple …
Velaune serait le terme celte alors que Vellavi est le terme latin, par lesquels est désigné le peuple occupant alors le Velay antique.
Client des Arvernes et membres de la confédération Arverne, ce peuple fut parmi les premiers à rejoindre les rangs de Vercingétorix.
Dans ses textes de la guerre des Gaules, César nomme ce peuple (aussi orthographie Vellaune) comme batailleur.
Vel(l)aune signifierait, selon les traductions, ‘’ceux d’en haut’’, ‘’ceux qui dominent’’ ou encore ‘’les meilleurs’’ ou ‘’les orgueilleux’’.
Jacques Viscomte a pu faire remarquer que ces traductions demeurent de faciles raccourcis pas toujours assumés par leurs auteurs, mais des raccourcis qui s’inscrivent durablement.
Alors que peut donc signifier réellement cette dénomination ?
Et voici que se complique un rien l’explication… !
Pour les peuples anciens, l’usage était de dénommer un lieu selon sa position, sa fonction ou sa nature.
En 1839, dans ses ‘’mémoires sur les origines étymologiques du Velay’’, l’abbé Sauzet questionne ainsi cette appellation et origine de Velaune comme issues de Vel’aunii (Vel se prononce ‘’ouel’’, ’’wel’’)
Il s’appuie sur une étude d’un autre historien pour la contredire aussitôt. Cette étude proposait sur une base celtique (laquelle ???) Ouel’auni pour ‘’peuple placé sur les montagnes’’ (de Huel : haut, élevé).
Pour l’abbé, sur une autre base celtique (toujours laquelle ???) Ouel ou plutôt Wel devenait ‘’vallée’’ et sa forme latine valla-via devenait ‘’le chemin de la vallée’’.
En 1860, Francisque Mandet dans son ‘’histoire du Velay’’, cite diverses orthographes : Velaï selon le traducteur de Strabon qui lui utilisait Ouelaunious, Vellates selon Pline, Velauni selon Ptolémée et César.
La signification haut, élevée revient désigner un peuple placé sur des montagnes élevées.
En 1866, Auguste Aymard, constatant que les V et U s’expriment indifféremment par le V sur les inscriptions lapidaires, propose que Vellavus et Vellaunus peuvent dériver de Vellavnus et trouve alors comme origine Vel-Avni / Vel-Avn (les ‘’hautes eaux’’, quoique le terme Onna désigne plus l’eau courante que Avn ou encore le terme gaulois Apa pour eau …).
Nous aussi, à ce stade, nous avons mal au crâne… !!! Attendez, il y en a encore.
En 1868, ce même historien confirme les radicaux Vell–Avn pour ''Hautes Eaux''.
En 1923, Boudon Lashermes va chercher une origine du nom dans l’Olympe Celtique.
Il existe un dieu Vellaunus (qui sera rapproché au Mercure romain) auquel la tribu celte du Velay tire son nom ou qui présidait sa destinée.
Plus proche de nous, se mêle des étymologies germaniques dans l’étude des migrations des proto-peuples celtes.
Ahwa (correspondrait au Aqua latin) évoluant en Aven / Avon (pour les Bretons, les eaux…) et l’on garde Vel pour ‘’hautes’’.
Donc peut-on accepter pour Vellaune, Vellavi, ‘’ceux des hautes eaux’’ ?
Faisant ici référence aux nombreuses sources (en haute en altitude)
qui donnent naissances à deux cours d’eau majeurs quant au commerce : le Liger et le Laeur?
Evoluant dans une traduction rapide par ‘’ceux d’en haut’’ puis ‘’ceux qui dominent’’?
Encore que trois autres hypothèses se présentent selon la base linguistique utilisée (excusez-nous, nous n’y sommes pour rien) .
1. Le doublement du L n’est pas expliqué. Sauf sur une base pré-indo-européenne où Lav veut dire ‘’glissant’’ et se raccroche … aux laves, dont notre terroir est riche (s’y trouve la plus grande coulée basaltique de France).
Nous aurions Vel-Lav, les hautes laves… .
2. Issu du gallois Gwell, signifiant ‘’meilleur’’ pourrait être à l’origine de Vellisama ‘’les meilleurs’’.
3. On se le garde pour la fin (car il nous faut comprendre le raisonnement avant) … ?
Un indice ?
Une origine Helvienne de ce peuple Vellave, traduisant l’immigration d’une partie de ce peuple venant de Suisse… .
Un peuple aux origines discutées … .
D’une manière générale, il est appris que les Celtes seraient des peuples aux origines indo-européennes qui se sont installés en Europe sur deux périodes : le Halstatt (centre-ouest de l’Europe, premier âge du fer, par convention de -1200 à -450 av. J.C. ), la Tène (second âge du fer, par convention de -450 à -25 av J.C.).
Tel quel, nous pourrions parler d’une migration précise alors que de plus en plus, il est question d’un long processus migratoire réalisé par étapes successives d’immigrations et de rétro-immigrations.
En d’autres termes, convenons de le voir comme un mille-feuille qui s’est monté aux grès des alliances, des fusions, des scissions, des interactions entre les peuples celtes et les proto-peuples locaux.
Dans cette réflexion, le Velay n’échappe pas à cette règle.
Les historiens et auteurs locaux ont émis plusieurs hypothèses quant à l’origine des Vellaves, au-delà des filiations indo-européennes retenues par l’histoire avec un grand ‘’H’’.
.1. Une origine Chaldéenne et Troyenne en passant par la Bulgarie selon Boudon Lashermes.
Pour les Grecs anciens, dans leurs représentations ethnographiques et mythologiques, les celtes occupent une place dans deux de leurs grands récits (Hercule et Troie), qui se traduit par des unions entre un fils d’Hercule et une celte, et un fils de Polyphème et de Galatée (les Galates étant l’une des désignations dans les textes gréco-romains des Celtes).
Les Grecs sont longtemps demeurés une référence à imiter ou à copier pour de nombreuses tribus celtes, dont pour les Eduens et les Arvernes, qui ont rattachés leurs noblesses à ces mythes grecs.
Les Arvernes se disaient ‘’issus du sang d’Illion’’ (autre nom de Troie), selon les auteurs anciens Lucain et Sidoine Appolinaire.
Les Vellaves faisaient partie du peuple Arverne
Ils auraient gardé la danse ‘’la Bourrée’’ comme héritage d’une danse guerrière Troyenne (même rythmes, même figures, même instrument (une sorte de cornemuse, la ‘’Chabrète’’, constituée d’une peau de chèvre, nommée Gaïda en Bulgarie).
.2. Une origine germaine et/ou Helvète.
Gardons toujours à l’esprit l’idée de processus migratoires successifs sur de longues périodes.
Les études de ces processus montrent qu’en Gaules plusieurs peuples seraient issus de peuples germains qui ont rapinés sur le territoire des Gaules jusqu’à Rome.
Une étude de J. Galtier sur les Celtes du Massif central, trois peuples (Gabales, Ruthènes et Cadurques) seraient venus s’installer de la région du Main, en Bavière, sans altérer les premiers populations Arvernes qui n’avaient pas pris le contrôle du sud de l’Auvergne, mais en devenant de plus en plus interdépendants.
Galtier suppose qu’un traité a pu s’établir entre ces peuples et les Arvernes, permettant l’occupation et la gestion des terres du sud, le Velay.
Le Velay garde d’ailleurs des traces probables de cette origine (restons prudents cependant, car l’occupation germaine du Velay dans l’ensemble de son histoire ancienne s’est faite à trois reprises) : dans l’étymologie de plusieurs noms de lieux, avec le radical Ingen (-ange) signifiant ‘’propriété de’’, avec certains artefacts trouvés dans des couches fouillées celtes et gallo-romaines, dans l’une des explications possibles du terme Vellave comme vu ci-dessus.
Concernant l’approche des Helviens. Certains voient en Vellave, la transcription Vel-Helv (Haut helvète/helvien) pour désigner un peuple venant des hautes montagnes de Suisse ou de Souabe ; ne différenciant pas les Helviens des Helvètes.
Simple hypothèse.
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